Tout le monde le sait depuis longtemps, tout du moins ceux qui ont l’esprit ouvert sur le monde, l’artificialisation des sols comme la déforestation sont deux plaies béantes de notre planète, beaucoup plus impactantes que le CO2. Et l’on tergiverse encore, en France, notamment au Sénat, puis à l’Assemblée Nationale…
La commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi, d’origine sénatoriale, visant à limiter le principe dit de zéro artificialisation nette, qui avait été introduit par la loi climat et résilience en 2021. L’artificialisation des sols, définie comme « la transformation d’un sol à caractère agricole, naturel ou forestier par des actions d’aménagement » devait être totalement neutralisée d’ici 2050 et la consommation de foncier être réduite de moitié en 2030 (soit être limitée à 125 000 ha) par rapport à celle de la période 2011-2020. Mais ces objectifs ne conviennent “ naturellement ”pas aux élus locaux ayant su trouver dans le Sénat une oreille attentive qui s’est alors chargée de faire pression sur le gouvernement pour alléger leurs contraintes…
Après négociations, un ensemble de dérogations ont été accordées pour les projets « d’intérêt régional, national ou européen » comme ceux touchant par exemple à la défense, l’énergie ou encore aux ports fluviaux et maritimes, ainsi qu’aux industries essentielles à notre souveraineté… Le texte, qui sera probablement finalement adopté en milieu de semaine, prévoit également une enveloppe minimale de droits à construire d’un hectare, appelée surface minimum de développement communal, pour les communes rurales. Et c’est lancer, ni plus ni moins qu’un détricotage d’une loi dont les objectifs contrecarrent la croissance et la vitalité des territoires… En fait “presque” tout le monde a fait son sort au CO2 comme facteur anthropique d’importance du changement climatique, alors que déforestation et artificialisation des sols sont des facteurs beaucoup plus importants, impactants et surtout bien plus urgents à traiter… Comme l’explique fort justement Michel Vieillefosse dans son ouvrage : “ Réchauffement Climatique, une affaire entre la Nature et l’Homme ”.