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Quand la filière agricole contribue à maintenir à flot le fret fluvial français…

Quand la filière agricole contribue à maintenir à flot le fret fluvial français…

Le fret fluvial a représenté 19,56 millions de tonnes de marchandises transportées sur le bassin de la Seine en 2022, soit l’équivalent de 800 000 camions évités sur les routes et une économie de 239 000 tonnes de CO2. – Source VNF.

Les trafics de conteneurs comme de céréales ont porté l’activité en réalisant de belles performances. L’activité liée au BTP, première filière utilisatrice sur ce bassin, enregistre quant à elle une baisse notable de 20 % qui impacte les résultats globaux de l’année. Dans la mesure où les matériaux de construction représentent à eux seuls 70 % des volumes transportés sur le bassin de la Seine, l’activité globale a mécaniquement chuté en 2022 enregistrant une baisse de 11,5 % des trafics en volume par rapport à 2021. L’année 2022 est également marquée par l’émergence d’une nouvelle filière, celle de la logistique urbaine fluviale, qui permet d’acheminer des marchandises à haute valeur ajoutée en centre-ville (produits de grande distribution, colis), tout comme des matériaux de construction sur les grands chantiers franciliens.

Record pour les conteneurs !

La filière conteneurs enregistre une hausse record de 13,8 % avec plus de 270 000 EVP1 (Unité de mesure des containers ou conteneurs*) transportés sur l’axe Seine entre les ports normands et l’Ile-de-France. Cette reprise d’activité a été notamment soutenue par la mutualisation des frais de manutention des conteneurs (dits « THC » – Terminal Handling Charges) au port du Havre par l’armement CMA-CGM.
Le secteur agricole progresse fortement : deuxième secteur porteur en 2022 : celui des produits agricoles et denrées alimentaires qui pèse pour 20 % de l’activité totale. Avec 3,8 millions de tonnes enregistrées, la filière agricole a vu ses volumes de marchandises progresser de 9,3% par rapport à 2021. Cette croissance s’explique par une campagne céréalière soutenue et une progression des flux de céréales à destination du port de Rouen et des exportations vers la Belgique et les Pays-Bas. Le port de Rouen enregistre une hausse de 9,1% de la filière céréalière.

La logistique fluviale
urbaine en plein développement…

Décongestion des agglomérations, absence de nuisances, performances environnementales, les atouts de cette filière ne manquent pas, et son potentiel est stratégique face aux objectifs ambitieux des agglomérations en matière de transition écologique. Les entreprises comme les grandes agglomérations sont de plus en plus intéressées à déployer des chaînes logistiques bas carbone. À la condition naturellement que les péniches et autres barges fluviales fonctionnent avec les énergies les moins carbonées possible !
Fin 2022, IKEA France a lancé ses premières livraisons depuis Gennevilliers jusqu’à Paris, et d’autres entreprises mènent des expérimentations de livraisons fluviales. Par ailleurs, les trois grandes métropoles du Havre, Rouen et Paris ont lancé en 2022 un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour développer la logistique urbaine fluviale qui devrait aboutir à l’arrivée de nouveaux acteurs sur l’axe Seine.
Les filières chimie et énergie se maintiennent : elles affichent respectivement une progression de +1,3 % (490 000 tonnes) et +1,8 % (910 000 tonnes) en tonnes transportées en 2022.
Cette logistique fluviale en milieu urbain concerne également la filière de construction pour la livraison de matériaux sur les grands chantiers en Ile-de-France en 2022 comme sur le port des Champs-Élysées, la gare RER Saint-Michel, la tour Wood’Up ou encore le chantier de Notre-Dame de Paris. La construction du Village des Athlètes sur L’Île-Saint-Denis et Saint-Denis a également recouru au transport fluvial pour la livraison de parpaings, enduits, isolants, charpentes en bois, murs en ossature bois et dalles béton. L’année 2023 devrait confirmer cette nouvelle filière avec l’arrivée de nouveaux acteurs.

Les voies navigables de France (VNF) : des investissements conséquents, pour décarboner les transports et transporter plus « responsable” !

– Malgré tout, plusieurs filières du transport fluvial de marchandises, à l’image notamment du BTP, ont été notablement impactées par le contexte international en 2022. La baisse globale d’activité de ces secteurs et les difficultés d’approvisionnement se sont ainsi répercutées sur les performances du fret fluvial. La filière des matériaux de construction, qui représente 70 % du trafic sur le bassin de la Seine, a connu une baisse de 20 % de ses volumes, soit 12,02 millions de de tonnes transportées en 2022. Cette baisse s’explique par l’importante diminution du transport de déblais par voie fluviale liée à un creux d’exploitation des grands chantiers franciliens qui recourent massivement au fluvial comme le Grand Paris Express (fin des chantiers des lignes 15 Sud et 16), le prolongement d’Eole à l’Ouest ou encore la fin des terrassements du Village des Athlètes à L’Île-Saint-Denis. Une reprise d’activité est prévue en 2023 avec d’importants chantiers comme l’aménagement des casiers pilote de la Bassée ou la construction du tunnel du SIAAP à Vigneux.

La Seine et le fluvial, un atout
et un outil pour les jeux 2024 !

Voies navigables de France et les acteurs du fluvial se mobilisent pour la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris. La Seine sera au cœur du Village des Athlètes en Seine- Saint-Denis. Le fluvial est un atout-clé pour atteindre l’objectif fixé par Paris 2024 d’organiser les premiers Jeux à neutralité carbone.
– Durant les Jeux, la Seine offrira également des solutions innovantes de transport de fret et de passagers pour faire vivre l’évènement (logistique du village et des évènements, stockage sur l’eau de matériels, bateaux à passagers, taxis…). Pour la construction du village des athlètes, se sont plus de 600 000 tonnes de déblais ont été évacués par bateaux (équivalent 30 000 poids-lourds évités sur les routes) depuis le début du chantier. Les approvisionnements des chantiers via le fluvial se développent y compris sur des segments qui échappaient jusqu’ici au fluvial tels que des éléments préfabriqués en bois pour la construction de bâtiments du village des athlètes.
VNF aménage même un petit bras de Seine pour maintenir la navigation sur le secteur du village des athlètes. Il s’agit de pouvoir maintenir la navigation alors que le grand bras sera fermé à la navigation le temps de l’évènement pour accueillir le village des athlètes. Pour cela, VNF mène des opérations de dragage et des aménagements afin garantir une navigabilité à grand gabarit du petit bras de Seine sur un secteur à enjeux : plus de 10 millions de tonnes de trafic par an (équivalent de 500 000 camions).

Accélérer la transition
énergétique des flottes fluviales

VNF s’est engagé pour mettre en œuvre l’ambition de l’État de décarboner une part significative des flottes fluviales mobilisées pour l’évènement. Grâce à son plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (PAMI) qui bénéficie d’un soutien renforcé de l’État, du soutien de la Région Île-de-France et de l’ADEME, ce sont près de 40 bateaux qui sont engagés dans la transition énergétique pour les JOP et l’Héritage 2024 (mise en place de motorisation électrique ou hybride diesel/électrique ; une solution pour le moins coûteuse et non écologique, à laquelle nous préférons la combinaison : hydrogène et électricité à quai ! ).
– Enfin, après avoir investi 98 millions d’euros en 2021 et plus de 110 millions d’euros en 2022, Voies navigables de France va consacrer, en 2023, une enveloppe de 107 millions d’euros pour l’entretien, la modernisation et le développement de ses infrastructures sur les bassins de la Seine et de la Loire aval. Ce budget d’investissement en faveur du fluvial est soutenu fortement par les collectivités territoriales, l’Union européenne, l’Ademe, les Agences de l’eau et la Solideo (Société de Livraison des Ouvrages Olympiques) pour un montant total de 30 M€, soit 35 % des investissements.
Une régénération et modernisation des infrastructures fluviales est devenue indispensable pour fiabiliser la gestion de la ressource en eau et accélérer le développement du transport fluvial, en particulier dans le cadre de la liaison Seine-Escaut. Il s’agit de créer une liaison fluviale à grand gabarit entre la France, la Belgique et les Pays-Bas pour le passage de bateaux pouvant transporter jusqu’à 4 400 tonnes de marchandises (soit l’équivalent de 220 camions). Après l’obtention des déclarations d’utilité publique en 2022, les projets de mise au gabarit européen de l’Oise (MAGEO) et de mise à grand gabarit de la Seine entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine se poursuivent au niveau des études et des premières acquisitions foncières pour MAGEO.

* Les conteneurs ont des dimensions standardisées dont le volume est calculé en pieds. Le sigle TEU signifie Twenty-foot Equivalent Unit en anglais. Son équivalent en français est EVP, Equivalent Vingt Pieds.
– Il s’agit d’une unité de mesure dans laquelle sont exprimés les trafics conteneurisés et la capacité des navires porte-conteneurs : 1 EVP correspond à 1 conteneur de 20 pieds de long (environ 6,096 mètres), 8 pieds de large ( 2,438 m) et 9.5 pieds de haut (environ 2,7 m). Les navires disposent d’espaces pour 40 pieds sur lesquels il est possible de stocker deux unités de 20 pieds.